Le syndicalisme de Jean-luc Pozzalo, tel qu'il est dépeint, se distingue par une approche profondément ancrée dans le réel et l'humain. Loin des postures idéologiques ou des jeux d'appareil, il est décrit comme un « syndicalisme vivant, enraciné, humain ». Surnommé « Petit Jules » en hommage à son père, il incarne une présence constante et une écoute active sur le terrain. Sa méthode est qualifiée de « pragmatique, directe, humaine », reposant sur un principe fondamental : « Dire ce qu’on fait, faire ce qu’on dit ».
Décrit comme un « bâtisseur de liens » et un « grand rassembleur », Jean-Luc ne se contente pas de défendre les salariés ; il s'efforce de devenir un « interlocuteur incontournable » en maîtrisant les aspects économiques et stratégiques. Son action n'est pas une opposition systématique mais une « construction permanente », un combat « pour la dignité, pour la sécurité, pour la reconnaissance ». Cette approche, parfois qualifiée de « peu orthodoxe par Laurent Berger, mais efficace », lui permet de transformer la parole en acte et l'acte en espoir collectif, faisant de lui un acteur clé du futur de son territoire.
Les Racines de l'Engagement : Un Parcours Forgé par le Drame
Pour comprendre la nature de l'engagement de Jean-Luc Pozzalo, il est indispensable de revenir à son histoire personnelle, marquée par un drame fondateur. Le premier chapitre du livre, intitulé « Là où tout a commencé », n'est pas une simple introduction mais, selon ses propres mots, « une alarme ». Il y raconte l'accident de son père à l'usine Carbone Savoie, la même usine où lui et son fils y travaillent.
« Je suis né dans une vallée où les hommes portent la poussière sur le visage et le silence dans les yeux. La Tarentaise, ce n’est pas une carte postale c’est une terre de labeur, de dignité, de mémoire. »
Son père, rappelé au travail pendant un congé, est écrasé par un wagonnet de dix tonnes. L'accident est le résultat d'une succession de défaillances techniques : un fin de course et un arrêt d'urgence qui ne fonctionnent pas. C'est une « erreur évitable », une histoire de « responsabilité » et de « silence technique ». Cet événement tragique, la vision de son père brisé mais revenant au travail pour nourrir ses six enfants, ancre en lui une conscience aiguë de l'injustice et de la nécessité de protéger les travailleurs.
Céline Roig